Ce calculateur est un outil d'estimation de risque basé sur des données scientifiques. Il n'est pas un diagnostic médical. Consultez toujours un ophtalmologiste pour un bilan complet.
Vous prenez des stéroïdes pour une maladie chronique - asthme, arthrite, eczéma, ou une maladie auto-immune - et vous commencez à voir moins bien. Les couleurs semblent plus pâles, les lumières vous éblouissent la nuit, et lire un livre ou un écran devient un effort. Ce n’est pas juste une fatigue oculaire. C’est peut-être une cataracte induite par les stéroïdes.
Contrairement aux cataractes liées à l’âge, qui mettent des années à se développer, celle-ci peut apparaître en quelques semaines. Elle ne touche pas tout le monde, mais elle est plus courante que vous ne le pensez. Selon une étude de 2024 publiée dans PMC, près de 9 % des personnes sous traitement prolongé aux stéroïdes développent une cataracte. Et dans 68 % des cas, c’est l’usage de collyres ou de crèmes stéroïdiennes locales qui est en cause, pas les comprimés ou les inhalateurs.
Le cristallin de votre œil est comme une lentille transparente. Il laisse passer la lumière pour la focaliser sur la rétine. Il n’a pas de vaisseaux sanguins, donc il ne peut pas se réparer comme une plaie sur la peau. Il dépend entièrement de ses propres cellules pour rester clair.
Les stéroïdes perturbent ce système. Ils interagissent avec les protéines du cristallin, formant des agrégats anormaux. Ces agrégats se concentrent surtout à l’arrière du cristallin - on parle de cataracte sous-capsulaire postérieure. C’est la forme la plus agressive. Pourquoi ? Parce qu’elle se situe directement sur le trajet de la lumière. Même une petite opacité là-bas peut bloquer nettement la vision.
En plus, les stéroïdes réduisent la capacité naturelle de l’œil à lutter contre le stress oxydatif. Les radicaux libres, normalement neutralisés par des antioxydants, s’accumulent et endommagent davantage les protéines. Résultat : un cristallin qui s’opacifie plus vite, surtout si vous êtes déjà âgé, diabétique, ou si vous avez déjà eu une chirurgie de la cataracte avec implant d’une lentille artificielle.
Si vous êtes sous stéroïdes et que vous remarquez :
... alors il est temps de consulter un ophtalmologiste. Ces symptômes apparaissent souvent plus rapidement que pour une cataracte naturelle. Certains patients les ressentent dès 2 à 4 semaines après le début du traitement. Et dans 92 % des cas, la vision floue est le premier signe rapporté.
Une étude de Healthline montre que 83 % des patients décrivent les halos comme la nuisance la plus perturbante. Pour beaucoup, c’est ce qui les pousse à arrêter de conduire la nuit - pas parce qu’ils ont peur, mais parce qu’ils ne voient plus rien.
La dose et la durée comptent. Un traitement de plus de 2 000 mg de béclométasone (un stéroïde courant en inhalation) augmente fortement le risque. Mais même de faibles doses, prises sur plusieurs mois, peuvent suffire.
Les enfants sont particulièrement vulnérables. Quand un enfant doit prendre des stéroïdes pendant des mois pour une maladie chronique, les ophtalmologistes surveillent de près la pression intraoculaire et la transparence du cristallin. Les cataractes sous-capsulaires postérieures sont fréquentes chez eux.
Le mode d’administration est crucial. Les collyres stéroïdiens - même ceux vendus sans ordonnance - présentent un risque 3,2 fois plus élevé que les stéroïdes pris par voie orale. Pourquoi ? Parce qu’ils agissent directement sur l’œil. Une goutte appliquée quotidiennement pendant 6 mois peut suffire à déclencher le processus.
Les personnes atteintes de diabète ou de uveite ont un risque multiplié. Leur œil est déjà plus fragile. Ajoutez-y des stéroïdes, et la cataracte peut arriver en quelques mois.
La bonne nouvelle : elle est traitable. La seule solution efficace, c’est la chirurgie.
La procédure est standard : on retire le cristallin opacifié et on le remplace par une lentille artificielle (IOL). Dans 92 % des cas, la vision s’améliore nettement après l’intervention. Les patients décrivent souvent une « révolution » : les couleurs reviennent, la lumière n’éblouit plus, et ils peuvent lire sans lunettes.
Mais il y a un piège. Si vous devez continuer à prendre des stéroïdes pour votre maladie de fond - comme un lupus ou une maladie pulmonaire chronique - la chirurgie ne résout pas tout. La lentille artificielle peut se trouble à nouveau, ou la pression dans l’œil peut augmenter. Il faut donc un suivi régulier après l’opération.
Avant la chirurgie, votre ophtalmologiste et votre médecin traitant vont discuter : est-il possible de réduire la dose de stéroïdes ? De changer de traitement ? Ce n’est jamais une décision facile. Arrêter les stéroïdes peut sauver votre vue… mais aggraver votre maladie. C’est un équilibre délicat. 68 % des patients sous traitement prolongé disent avoir peur de perdre la vue… mais aussi peur de voir leur maladie revenir.
La meilleure stratégie, c’est la prévention. Pas de stéroïdes inutiles. Pas de doses plus hautes que nécessaires. Pas de traitement plus long que nécessaire.
Le Mayo Clinic recommande :
Les ophtalmologistes utilisent une lampe à fente pour détecter les premiers signes d’opacité à l’arrière du cristallin - souvent avant que le patient ne ressente quoi que ce soit. Mais il faut de l’expérience pour les repérer. Un résident en ophtalmologie met entre 6 et 12 mois pour apprendre à distinguer une cataracte stéroïdienne d’une cataracte liée à l’âge.
Les études montrent aussi que les patients bien informés ont plus de chances de demander un examen. Pourtant, seulement 38,6 % des personnes savent que les inhalateurs stéroïdiens peuvent causer des cataractes. C’est un manque de communication majeur.
Non, pas encore.
On a longtemps espéré que des gouttes ou des compléments alimentaires - comme des antioxydants (vitamine C, E, lutéine) - pourraient ralentir la progression. Mais à ce jour, aucune étude concluante ne prouve qu’ils fonctionnent contre les cataractes induites par les stéroïdes. Les essais cliniques sont en cours, mais rien n’est validé en 2025.
La seule méthode éprouvée, c’est la chirurgie. Toute autre approche - gouttes, crèmes, compléments - ne fait que donner un faux sentiment de contrôle. Si vous avez une cataracte stéroïdienne, ne perdez pas de temps. Consultez un ophtalmologiste. La chirurgie est rapide, sûre, et très efficace.
Le marché des stéroïdes est colossal : plus de 12 milliards de dollars en 2022. Les traitements oculaires représentent 18 % de cette part. Et avec l’augmentation des maladies auto-immunes et des traitements combinés (stéroïdes + biothérapies), le nombre de patients à risque va continuer à augmenter. Les experts estiment une croissance de 1,8 % par an jusqu’en 2030.
La clé du futur ? Une meilleure coordination entre les médecins prescripteurs et les ophtalmologistes. Une étude de 2022 montre que les modèles de soins coordonnés réduisent les pertes de vision liées aux stéroïdes de 37 %. Cela signifie : votre médecin traitant ou votre rhumatologue doit savoir que vous avez un examen oculaire prévu. Et votre ophtalmologiste doit savoir quelles doses vous prenez, depuis combien de temps, et par quelle voie.
Il n’y a pas de solution miracle. Mais il y a une solution simple : surveiller. Parler. Agir tôt.
Non, pas vraiment. Une fois que le cristallin est opacifié, il ne redevient pas transparent. Arrêter les stéroïdes peut empêcher la cataracte de s’aggraver, mais elle ne régresse pas. La chirurgie reste la seule option pour retrouver une vision claire.
Oui. Même les gouttes vendues en pharmacie sans ordonnance peuvent causer des cataractes si elles sont utilisées plus de 10 à 14 jours consécutifs. Elles ne sont pas « inoffensives ». Toujours consulter un ophtalmologiste avant de les utiliser plus de deux semaines.
Votre risque est multiplié. Le diabète affaiblit déjà les vaisseaux de l’œil et augmente la sensibilité aux dommages oxydatifs. Ajoutez-y les stéroïdes, et vous êtes dans la zone à haut risque. Un examen oculaire tous les 3 mois est recommandé.
Oui, elle est possible, mais plus complexe. La cicatrisation peut être plus lente, et le risque d’augmentation de la pression intraoculaire est plus élevé. Votre chirurgien devra surveiller votre œil plus étroitement après l’intervention.
La plupart des patients voient une amélioration nette dans les 24 à 48 heures. La vision se stabilise complètement en 2 à 4 semaines. Si vous avez d’autres problèmes oculaires (comme une rétinopathie diabétique), le temps de récupération peut être plus long.
Si vous êtes sous stéroïdes depuis plus de 3 mois, demandez un examen de la vue. Ne patientez pas jusqu’à ce que vous ne voyiez plus bien. Un simple examen avec lampe à fente peut détecter les premiers signes. Et si une cataracte est détectée tôt, vous avez le temps de discuter avec vos médecins : réduire la dose ? Changer de traitement ? Planifier une chirurgie ?
La cataracte induite par les stéroïdes n’est pas une fatalité. C’est une complication connue, prévisible, et traitable. Ce qui compte, c’est de ne pas l’ignorer. Votre vue vaut la peine d’être protégée - même si vous devez prendre des stéroïdes pour vivre.
Corinne Foxley
4 12 25 / 05:53J'ai vu ça arriver à ma tante après 6 mois de collyre pour une conjonctivite récidivante... Elle croyait que c'était juste la fatigue. Un jour, elle a failli rentrer dans un arbre en conduisant la nuit. On a cru qu'elle devenait folle. En fait, c'était la cataracte. J'aurais aimé qu'on lui en parle avant. C'est fou comment on sous-estime ces trucs "inoffensifs".
Dominique Benoit
5 12 25 / 00:13J'ai pris des stéroïdes en inhalateur pour mon asthme pendant 2 ans et j'ai pas eu de problème 😎 mais bon j'ai 32 ans et je bois du café comme un fou donc je suis peut-être un super-héros des yeux 🤓
Isabelle Bujold
5 12 25 / 22:00En tant qu'ophtalmologue en région québécoise, je rencontre régulièrement des patients qui ne savent pas que les collyres sans ordonnance peuvent causer des cataractes. Ce n'est pas une exception, c'est une épidémie silencieuse. Les gens pensent que "sans ordonnance" = "sans risque". C'est une erreur catastrophique. La cataracte stéroïdienne se développe souvent sans douleur, sans rougeur, sans symptôme évident au début. Ce n'est que quand la vision devient floue, qu'on voit des halos, qu'on ne lit plus le menu au restaurant, qu'on se rend compte qu'il y a un problème. Et là, c'est déjà trop tard pour éviter la chirurgie. Je recommande à tout patient sous traitement stéroïdien prolongé - même topique - de faire un examen de base dès le début du traitement, puis tous les 3 à 6 mois. Un simple examen avec lampe à fente prend 5 minutes. C'est une dépense minime pour éviter une perte de vision majeure. Et si vous êtes diabétique, c'est encore plus urgent. Votre rétine est déjà en danger, le cristallin n'a pas besoin d'une charge supplémentaire. Ne laissez pas votre médecin généraliste décider seul. Soyez proactif. Demandez un bilan oculaire. Vos yeux vous remercieront.
Valérie Müller
7 12 25 / 07:37Les Français sont trop gentils avec les médicaments. On prend des stéroïdes comme des bonbons. Et puis on s'étonne que les yeux lâchent. On veut tout sans rien payer. On veut guérir l'asthme sans toucher à la pollution. On veut soigner l'eczéma sans changer de savon. Et maintenant on veut une vision parfaite en gardant les collyres. Non. La nature n'est pas une boutique en ligne. On ne peut pas commander la santé et laisser le reste. Arrêtez les stéroïdes ou acceptez la cataracte. Point.
Lydie Van Heel
7 12 25 / 23:46Il est essentiel de distinguer entre les traitements systémiques et topiques. Les collyres stéroïdiens, même à faible dose, présentent un risque accru de cataracte sous-capsulaire postérieure en raison de la concentration locale élevée. Ce mécanisme est bien documenté dans la littérature scientifique depuis les années 1990. Une surveillance ophtalmologique régulière est non seulement recommandée, mais nécessaire chez les patients sous traitement prolongé. La prévention reste la meilleure stratégie, et l'information du patient est un pilier fondamental de la prise en charge.