Intolérance alimentaire vs allergie : symptômes digestifs et tests de diagnostic

Intolérance alimentaire vs allergie : symptômes digestifs et tests de diagnostic

Vous avez mal au ventre après avoir mangé du lait ? Vous vous sentez ballonné après une pizza ? Vous vous demandez si c’est une allergie ou simplement une intolérance ? Beaucoup de gens confondent ces deux choses, mais les différences sont cruciales - et peuvent même sauver une vie.

Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire ?

Une allergie alimentaire, c’est le système immunitaire qui réagit comme si un aliment était un ennemi. Il produit des anticorps appelés IgE, qui déclenchent une libération massive d’histamine. Résultat ? Des symptômes qui arrivent en quelques minutes, parfois en moins de cinq. Et ils ne se limitent pas à l’estomac.

Les signes gastro-intestinaux typiques incluent des vomissements brutaux, des douleurs abdominales aiguës et une diarrhée soudaine. Mais vous aurez aussi souvent des réactions ailleurs : urticaire, gonflement des lèvres ou de la langue, respiration sifflante, ou même une chute de la pression artérielle. C’est ce qu’on appelle l’anaphylaxie - une urgence médicale qui peut être mortelle.

Les huit aliments responsables de 90 % des allergies en Amérique du Nord sont le lait, les œufs, les arachides, les noix, le blé, le soja, le poisson et les fruits de mer. Même une toute petite quantité - une trace de beurre d’arachide sur une cuillère - peut déclencher une réaction chez une personne allergique. C’est pourquoi les étiquettes des aliments doivent maintenant mentionner clairement ces allergènes, selon la loi FDA de 2021.

Qu’est-ce qu’une intolérance alimentaire ?

L’intolérance alimentaire, elle, n’a rien à voir avec le système immunitaire. C’est un problème de digestion. Votre corps manque d’une enzyme nécessaire pour décomposer un composant de l’aliment. Le plus connu ? L’intolérance au lactose. Vous n’avez pas assez de lactase pour digérer le sucre du lait. Ce lactose non digéré arrive dans l’intestin grêle, puis dans le côlon, où les bactéries le fermentent. Résultat : gaz, ballonnements, crampes, diarrhée - souvent entre 30 minutes et 2 heures après le repas.

Et ce n’est pas le seul cas. Certains ont du mal avec le fructose (dans les fruits et les sirops), d’autres avec les FODMAPs (des sucres courts présents dans les légumes, les céréales, les légumineuses). Les sulfites dans les vins ou les fruits secs peuvent aussi provoquer des symptômes digestifs chez les sensibles. Mais aucune de ces réactions n’est dangereuse pour la vie.

Contrairement à une allergie, une intolérance permet souvent de consommer un peu de l’aliment sans problème. Par exemple, une personne intolérante au lactose peut tolérer jusqu’à 12 grammes de lactose par jour - environ un verre de lait. Beaucoup peuvent même boire du yaourt ou manger du fromage dur, où le lactose est partiellement dégradé.

Comment faire la différence entre les symptômes ?

Voici un comparatif simple pour distinguer les deux :

  • Allergie : symptômes rapides (moins de 2 heures), souvent graves, impliquent plusieurs systèmes (peau, respiration, intestin), peuvent être mortels, déclenchés par de minuscules quantités.
  • Intolérance : symptômes lents (30 min à plusieurs heures), limités à l’appareil digestif (gaz, crampes, diarrhée), jamais mortels, tolérance variable selon la dose.

Si vous avez des vomissements et une éruption cutanée après avoir mangé des œufs, c’est probablement une allergie. Si vous avez mal au ventre et des gaz après un verre de lait, c’est probablement une intolérance. Mais attention : les symptômes peuvent se chevaucher, et les erreurs de diagnostic sont fréquentes.

Diagnostic médical d'allergie et d'intolérance : test cutané, sang et mesure d'hydrogène expiré.

Comment diagnostiquer une allergie alimentaire ?

Le diagnostic d’allergie repose sur trois piliers : l’historique médical, les tests cutanés et les analyses de sang, suivis d’un test d’ingestion contrôlée.

Le test cutané consiste à poser une goutte d’extrait d’aliment sur la peau, puis à la piquer légèrement. Si une bosse rouge (appelée « wheal ») de plus de 3 mm apparaît, c’est un signe d’allergie. Mais ce test peut parfois donner de faux positifs - surtout chez les enfants avec de l’eczéma. C’est pourquoi on ne se fie jamais à un seul résultat.

Le test sanguin mesure le taux d’IgE spécifiques à un aliment. Un résultat supérieur à 0,35 kU/L est considéré comme positif. Mais encore une fois, cela ne prouve pas qu’une réaction clinique se produira. Seul le test d’ingestion orale supervisé - où vous mangez progressivement l’aliment sous surveillance médicale - reste la référence absolue.

Depuis quelques années, on utilise aussi les diagnostics résolus par composants. Pour les arachides, par exemple, mesurer le niveau d’Ara h 2 (une protéine spécifique) à plus de 0,23 kU/L permet de prédire avec 95 % de précision une allergie réelle. Cela évite des tests inutiles et des restrictions alimentaires excessives.

Comment diagnostiquer une intolérance alimentaire ?

Pas d’IgE ici. Pas de test sanguin fiable. Le diagnostic repose sur des méthodes différentes selon le type d’intolérance.

Pour l’intolérance au lactose, on utilise le test d’hydrogène dans l’air expiré. Vous buvez une solution de lactose, puis on mesure l’hydrogène dans votre respiration toutes les 15 à 30 minutes. Si le taux augmente de plus de 20 ppm par rapport à votre niveau de base, c’est un signe clair de malabsorption.

Pour la maladie cœliaque, on fait un test sanguin pour détecter les anticorps anti-transglutaminase tissulaire (tTG-IgA). Un résultat supérieur à 10 U/mL est fortement suspect. Mais le diagnostic définitif nécessite une biopsie de l’intestin grêle, où on cherche une lésion caractéristique (classification Marsh 3).

Et pour les autres intolérances - comme la sensibilité au gluten non cœliaque ou aux FODMAPs - il n’existe pas de test biologique fiable. La seule méthode valide est l’élimination suivie d’une réintroduction. Vous supprimez complètement l’aliment suspect pendant 2 à 6 semaines. Si vos symptômes disparaissent, vous le réintroduisez lentement. Si les symptômes reviennent, c’est un signe d’intolérance.

Cuisine contrastée : éviction stricte d'un côté, tolérance contrôlée de l'autre avec aliments et compléments.

Les tests à éviter absolument

Sur internet, vous trouvez des tests de « sensibilité alimentaire » qui mesurent les IgG. Ce sont des tests de sang qui prétendent détecter des réactions retardées à des aliments. Mais ils sont totalement invalides.

L’American Academy of Allergy, Asthma & Immunology (AAAAI) le dit clairement : ces tests n’ont aucune valeur scientifique. Leur sensibilité est inférieure à 30 %, leur spécificité à moins de 45 %. Les IgG ne sont pas des marqueurs d’allergie ou d’intolérance - ce sont des anticorps normaux produits après chaque repas. Des études en aveugle montrent que les gens réagissent exactement de la même manière à des aliments qu’ils n’ont jamais mangés, simplement parce qu’ils croient qu’ils sont sensibles.

Évitez ces tests. Ils vous coûtent cher, vous stressent, et vous font éliminer des aliments sans raison. Ce n’est pas de la médecine - c’est du marketing.

Que faire après le diagnostic ?

Si vous êtes allergique : évitez complètement l’aliment. Lisez toujours les étiquettes. Carrez toujours deux auto-injecteurs d’adrénaline (EpiPen). Même si vos réactions passées ont été légères, la prochaine peut être mortelle. Le coût d’un EpiPen sans assurance est de 550 à 750 € pour un double pack - mais c’est une dépense vitale.

Si vous êtes intolérant : ajustez votre consommation. Vous n’avez pas besoin de supprimer totalement. Les personnes intolérantes au lactose peuvent souvent boire du lait fermenté, manger du fromage à pâte dure, ou prendre des compléments de lactase avant les repas. Pour les FODMAPs, un régime à faible teneur en FODMAPs pendant 4 à 6 semaines, puis une réintroduction ciblée, est la méthode la plus efficace.

Et si vous avez des doutes ? Consultez un gastro-entérologue ou un allergologue. Beaucoup de gens pensent qu’ils sont intolérants alors qu’ils ont un syndrome de l’intestin irritable, une maladie inflammatoire de l’intestin, ou une maladie cœliaque non diagnostiquée. Une étude de 2023 a montré que 80 % des auto-diagnoses d’intolérance étaient erronés.

La vérité sur les allergies et intolérances

Une allergie, c’est une réaction du système immunitaire. Une intolérance, c’est une panne digestive. L’une peut vous tuer. L’autre vous rend malade, mais pas dangereusement.

Les tests fiables existent - mais ils ne sont pas toujours simples. Ce n’est pas un jeu de devinettes. Il faut du temps, de la patience, et parfois, une équipe médicale pour y voir clair.

Ne vous fiez pas à un test en ligne. Ne suivez pas un régime sans preuve. Si vous avez des symptômes digestifs récurrents, demandez un diagnostic précis. Votre intestin vous remerciera - et vous pourrez manger en paix.

Comment savoir si j’ai une allergie ou une intolérance alimentaire ?

Une allergie provoque des symptômes rapides (moins de 2 heures) et souvent graves, avec des signes comme l’urticaire, les gonflements ou la difficulté à respirer. Une intolérance cause des symptômes digestifs lents (gaz, crampes, diarrhée), sans réaction immunitaire. Le seul moyen sûr de le savoir est un diagnostic médical : test cutané, test sanguin IgE, ou test d’ingestion supervisé pour l’allergie ; test d’hydrogène ou élimination-réintroduction pour l’intolérance.

Est-ce que je peux être allergique à un aliment sans le savoir ?

Oui. Beaucoup de gens pensent qu’ils ont juste un estomac sensible, alors qu’ils ont une allergie légère. Les réactions peuvent être subtiles : une légère diarrhée après le lait, des crampes après les œufs. Mais même une réaction « légère » peut devenir grave la prochaine fois. Si vous avez des symptômes récurrents après certains aliments, consultez un allergologue. Ne laissez pas passer ce signal.

Les tests d’IgG pour les intolérances sont-ils fiables ?

Non, pas du tout. Les tests qui mesurent les anticorps IgG pour diagnostiquer des « intolérances » sont scientifiquement invalides. L’Académie américaine d’allergie le déconseille fermement. Les IgG sont normales après chaque repas - elles ne signifient pas une sensibilité. Ces tests produisent des faux positifs à plus de 70 %, vous poussent à éviter des aliments sains, et vous coûtent cher. Évitez-les.

Puis-je guérir d’une allergie alimentaire ?

Certaines allergies, surtout celles au lait, aux œufs ou au blé, peuvent disparaître chez les enfants avec l’âge. Mais les allergies aux arachides, aux noix ou aux fruits de mer sont souvent permanentes. Il n’existe pas de traitement curatif. La seule méthode éprouvée est l’évitement strict et la préparation à l’urgence. Des traitements en cours, comme la désensibilisation orale, sont encore expérimentaux et doivent se faire sous surveillance médicale stricte.

Quel est le meilleur test pour l’intolérance au lactose ?

Le test d’hydrogène dans l’air expiré est le plus fiable. Vous buvez une solution de lactose, puis on mesure l’hydrogène dans votre respiration. Une augmentation de plus de 20 ppm par rapport à votre niveau de base confirme l’intolérance. C’est non invasif, précis, et reconnu par les sociétés de gastro-entérologie. Les tests sanguins ou les tests d’auto-diagnostic ne sont pas fiables.

Est-ce que la maladie cœliaque est une allergie ou une intolérance ?

Ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est une maladie auto-immune. Le gluten déclenche une attaque du système immunitaire contre la muqueuse de l’intestin grêle. Cela cause des lésions permanentes si on continue à manger du gluten. Elle se diagnostique par un test sanguin (tTG-IgA) et une biopsie intestinale. Contrairement à une intolérance, il n’y a pas de seuil de tolérance : même une petite trace de gluten peut causer des dommages.

Les symptômes digestifs après un repas sont-ils toujours liés à la nourriture ?

Non. Beaucoup de troubles digestifs - comme le syndrome de l’intestin irritable (SII), la dyspepsie fonctionnelle ou le reflux gastro-œsophagien - peuvent imiter une intolérance alimentaire. Une étude a montré que 45 % des personnes qui pensent avoir une intolérance ont en fait un SII. Il est essentiel de faire un bilan complet avec un gastro-entérologue avant de commencer un régime d’élimination.

Commentaires (1)

  • Nicole Perry

    Nicole Perry

    7 12 25 / 23:52

    Alors là, j’ai lu ça en une traite, genre j’ai cru que j’étais en train de regarder un docu Netflix mais en version texte. Les gens qui vendent des tests IgG sur Instagram, ils devraient être envoyés en stage chez un allergologue avec un EpiPen en main. C’est pas du marketing, c’est du vol à l’état pur.

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