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Vous prenez de la quercétine en complément parce que vous entendez dire que c’est bon pour l’inflammation, les allergies ou la longévité. Mais avez-vous déjà pensé à ce qui se passe quand cette substance naturelle croise vos médicaments ? Ce n’est pas juste une question de « peut-être » ou de « faire attention ». Des études montrent que la quercétine peut augmenter les niveaux de certains médicaments dans votre sang de 20 % à plus de 300 %. Et ça, c’est dangereux.
La quercétine est un flavonoïde présent dans les pommes, les oignons, les baies et les suppléments. Mais quand vous en prenez en forte dose - souvent 500 mg ou plus par jour - elle agit comme un frein puissant sur des enzymes clés de votre foie et de votre intestin. Ces enzymes, appelées CYP3A4, CYP2D6 et CYP2C19, sont responsables de décomposer des centaines de médicaments courants. Quand elles sont inhibées, les médicaments ne sont pas éliminés comme il faut. Ils s’accumulent. Et ça peut vous envoyer à l’hôpital.
Des études en laboratoire montrent que la quercétine bloque le CYP3A4 à hauteur de 40 à 85 %, selon la dose. C’est presque autant que le pamplemousse, que tout le monde sait être dangereux avec les statines ou les anti-arythmiques. Mais la quercétine ne s’arrête pas là. Elle inhibe aussi le CYP2D6 - l’enzyme qui traite les antidépresseurs, les bêta-bloquants et certains analgésiques - avec une puissance comparable à des médicaments conçus pour bloquer cette voie. Et pour le CYP2C19, qui métabolise le clopidogrel et le omeprazole, l’effet est tout aussi marqué.
Ça ne s’arrête pas aux enzymes. La quercétine bloque aussi des transporteurs comme OATP1B1 et BCRP, qui aident les médicaments à entrer ou sortir des cellules. Résultat ? Votre corps absorbe plus de médicament, le retient plus longtemps, et l’élimine moins vite. C’est un triple coup dur.
Ne vous contentez pas de « faire attention ». Sachez exactement quels médicaments peuvent devenir toxiques si vous prenez de la quercétine.
Les études montrent que les personnes qui prennent plus de trois médicaments en même temps - ce qu’on appelle la polypharmacie - sont les plus exposées. Ce n’est pas une question de chance. C’est une question de mécanisme biologique.
Si vous mangez une pomme ou des oignons tous les jours, vous n’avez pas à vous inquiéter. La quercétine naturelle est liée à d’autres molécules (comme le rutin) et son taux dans le sang reste très faible. Votre corps ne l’absorbe pas bien - seulement 1 à 2 % de ce que vous mangez entre dans votre circulation.
Mais quand vous prenez un supplément de 500 mg ou 1 000 mg, c’est une autre histoire. Vous injectez directement dans votre sang une quantité de quercétine que votre corps ne connaît pas. Et cette dose élevée, pure et non liée, est exactement ce qu’il faut pour bloquer les enzymes. Les études montrent que les formes glycosylées (comme le rutin) sont 60 à 70 % moins actives. Donc, les suppléments à base de quercétine aglycone - les plus courants - sont les plus dangereux.
La Food and Drug Administration (FDA) a classé la quercétine comme « supplément alimentaire à risque » en 2020. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a averti en 2018 que les doses supérieures à 1 000 mg/jour présentent un « risque potentiel » avec les médicaments à indice thérapeutique étroit. Et pourtant, 42 % des Américains qui prennent de la quercétine dépassent les 500 mg/jour. Et 23 % vont au-delà de 1 000 mg. C’est une bombe à retardement.
Les personnes âgées de 65 ans et plus. Leur foie et leurs reins éliminent moins bien la quercétine. Leur taux sanguin reste plus longtemps élevé - jusqu’à 40 % plus que chez les jeunes.
Les personnes qui prennent plusieurs médicaments. Plus vous avez de traitements, plus il y a de chances que l’un d’eux soit métabolisé par CYP3A4, CYP2D6 ou CYP2C19.
Les personnes avec un foie ou un rein déjà affaibli. Même une petite augmentation de concentration peut être fatale.
Les personnes qui prennent des médicaments comme la ciclosporine, le warfarin ou l’abemaciclib. Ces médicaments ont une marge de sécurité très étroite. Un petit changement de taux peut faire la différence entre la guérison et la catastrophe.
Ne supprimez pas vos médicaments. Ne vous arrêtez pas non plus brusquement de prendre la quercétine sans parler à votre médecin. Mais faites quelque chose.
La FDA a recensé 147 cas suspects d’interactions entre quercétine et médicaments entre 2015 et 2022. Mais on estime que 90 à 95 % de ces cas ne sont jamais déclarés. C’est un problème invisible. Et il grandit.
La FDA prépare une nouvelle règle pour 2024 : les suppléments à haut risque comme la quercétine devront afficher des avertissements clairs sur les interactions médicamenteuses. Ce n’est pas une mesure de contrôle. C’est une réponse à la réalité.
Des essais cliniques sont en cours pour mesurer exactement comment la quercétine affecte les taux de médicaments chez les humains. Les résultats devraient arriver d’ici 2026. Mais vous n’avez pas à attendre. Les données existent déjà. Elles sont solides. Elles sont inquiétantes.
La quercétine n’est pas mauvaise. Mais elle n’est pas inoffensive non plus. Quand vous la prenez en dose élevée, vous ne prenez pas un « complément naturel ». Vous prenez un puissant inhibiteur enzymatique. Et ça, ça peut changer votre vie - ou la terminer.
Non. La quercétine présente naturellement dans les fruits, légumes et thés contient des formes liées (comme le rutin) qui sont mal absorbées. Le taux dans le sang reste trop faible pour inhiber les enzymes. Le risque ne vient que des suppléments à haute dose, généralement supérieurs à 500 mg par jour.
Si vous ne prenez aucun médicament, le risque d’interaction est nul. Mais attention : les suppléments de quercétine ne sont pas régulés. Ils peuvent contenir des impuretés, des doses inexactes, ou d’autres substances non déclarées. Même sans interaction, leur sécurité à long terme n’est pas prouvée.
Il n’existe pas de dose « sûre » absolue, mais les experts recommandent de ne pas dépasser 500 mg par jour, surtout si vous prenez des médicaments. Au-delà de 1 000 mg, le risque d’interaction devient significatif. Pour les personnes âgées ou avec des problèmes hépatiques, 250 mg/jour est une limite plus prudente.
Oui. Des études montrent que la quercétine inhibe les transporteurs qui éliminent l’apixaban et le rivaroxaban. Cela peut augmenter leur concentration de 20 à 35 %. L’American Society of Health-System Pharmacists recommande d’éviter totalement la quercétine avec ces médicaments.
Oui. Même si vous ne prenez pas d’anticoagulants, la quercétine peut augmenter le risque de saignement en interférant avec la coagulation et en augmentant la concentration d’autres médicaments. Arrêtez-la au moins 7 jours avant une chirurgie, et informez votre anesthésiste.
Regardez votre boîte à médicaments. Regardez votre flacon de quercétine. Notez les noms. Notez les doses. Puis, prenez un moment - pas demain, pas après-demain - mais aujourd’hui. Parlez à votre pharmacien. Montrez-lui tout. Il ne vous jugera pas. Il vous protégera.
La nature n’est pas toujours innocente. Ce que vous mangez ou prenez comme complément peut avoir des effets puissants. La quercétine est un exemple parfait : un composé naturel, populaire, et potentiellement dangereux. La connaissance, c’est la sécurité. Ne laissez pas l’ignorance vous mettre en danger.
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