Torsemide est un diurétique de l'anse qui augmente l’excrétion d’eau et de sel en bloquant le transporteur Na⁺‑K⁺‑2Cl⁻ dans l’anse de Henle. Son efficacité, sa demi‑vie plus longue et son profil d’effets secondaires le distinguent des autres diurétiques de l’anse, comme le furosémide.
Le Torsemide se présente sous forme de comprimés dosés à 5, 10 ou 20 mg. Il est absorbé rapidement (Cmax en 1‑2h) et possède une demi‑vie d’environ 3‑4h, ce qui permet une prise unique quotidienne chez la plupart des patients. Sa puissance diurétique équivaut à 2‑3mg de furosémide, mais il maintient une efficacité plus stable même en cas d’insuffisance rénale modérée.
Maladie rénale chronique (CKD) désigne la perte progressive et irréversible de la fonction rénale sur au moins trois mois, caractérisée par un débit de filtration glomérulaire estimé (eGFR) inférieur à 60mL/min/1,73m². La CKD affecte près de 10% de la population adulte en Europe, et sa prévalence augmente avec l’âge, le diabète et l’hypertension.
Les patients CKD présentent souvent une rétention sodique, une hypertension résistante et des œdèmes périphériques, justifiant l’usage de diurétiques de l’anse pour contrôler le volume extracellulaire.
Le mécanisme d’action du Torsemide, déjà décrit, a des conséquences spécifiques chez les patients présentant une fonction rénale diminuée :
Ces bénéfices sont particulièrement pertinents chez les patients avec eGFR entre 30 et 60mL/min/1,73m², où le furosémide commence à perdre son efficacité en raison d’une moindre sécrétion tubulaire.
| Critère | Torsemide | Furosémide |
|---|---|---|
| Puissance diurétique (mg) | 10mg ≈ 20‑30mg furosémide | 20‑30mg |
| Demi‑vie | 3‑4h | ≈2h |
| Efficacité à eGFR<30mL/min | Conservée | Diminuée |
| Risque d'hypokaliémie | Moyen | Élevé |
| Fréquence de prise | 1×parjour | 1‑2foisparjour |
Ce tableau montre que le Torsemide conserve une activité diurétique plus stable quand la fonction rénale décline, ce qui le rend souvent préférable chez les patients CKD, surtout lorsqu’une prise unique suffit à contrôler les œdèmes.
La dose initiale recommandée chez les adultes est de 5 à 10mg par jour. Chez les patients avec un GFR compris entre 30 et 60mL/min/1,73m², on peut augmenter à 20mg si la réponse diurétique est insuffisante. En dessous de 30mL/min/1,73m², il est prudent de ne pas dépasser 10‑15mg quotidiennement, afin de limiter le risque d’hypotension et d’hypokaliémie.
Il faut surveiller régulièrement :
Un ajustement de la dose est souvent nécessaire après les premières 48h de traitement, suivant les valeurs de laboratoire.
Les effets secondaires les plus fréquents du Torsemide sont:
La précaution majeure chez les patients CKD réside dans le suivi du taux sérique de créatinine. Une élévation rapide peut signaler une déshydratation sévère.
Le néphrologue doit être impliqué dès que l’un des critères suivants apparaît :
Le néphrologue pourra recommander un protocole de titration plus fin, éventuellement combiner le Torsemide avec un inhibiteur de l’aldostérone (spironolactone) en respectant les seuils de potassium.
Oui, lorsque la rétention sodique ou les œdèmes sont présents et que la fonction rénale est <60mL/min/1,73m². Sa demi‑vie prolongée permet souvent de le substituer au furosémide, surtout chez les patients qui ont besoin d’une prise quotidienne unique.
Le Torsemide induit généralement une hypokaliémie moins marquée que le furosémide, car il conserve davantage d’activité au niveau tubulaire distal. Néanmoins, il faut vérifier le potassium deux fois par semaine pendant la phase d’ajustement, puis mensuellement.
Chez cet eGFR, il est conseillé de ne pas dépasser 15mg/jour. Au‑delà, le risque d’hypotension et d’hypokaliémie augmente rapidement. Tout dépassement doit être justifié par une réponse clinique insuffisante et accompagné d’une surveillance accrue.
Oui, mais à dose très réduite (5mg ou moins) et uniquement pour gérer les œdèmes résiduels entre les séances de dialyse. La clairance résiduelle étant quasi nulle, le risque d’accumulation est limité grâce à la courte demi‑vie.
Si le patient développe une hyperkaliémie sévère (>6,0mmol/L), une hypotension artérielle persistante, ou si l’œdème est totalement maîtrisé pendant plus de trois mois, il est possible de réduire ou d’interrompre le traitement sous contrôle néphrologique.
Fabienne Paulus
24 09 25 / 15:14Je viens de tester le torsemide chez ma mère en CKD 3b, et franchement, c’est une révolution ! Plus d’œdèmes aux chevilles le matin, et elle dort mieux. Le furosémide, c’était du pipeau après 3 semaines.
Anne Ruthmann
25 09 25 / 18:35Le mécanisme d’action est mal décrit. Le torsemide n’améliore pas le GFR, il le réduit par décongestionnement. C’est une erreur de traduction de la littérature pharmaceutique.
marielle martin
25 09 25 / 18:53OH MON DIEU JE VIENS DE COMPRENDRE POURQUOI MON PAPA NE FAISAIT PLUS D’ŒDÈMES ! MERCI ! 🥹
Romain Brette
26 09 25 / 01:28le furosemide c’est du vieux machin pour vieux qui ont pas les moyens d’acheter le vrai truc
mathieu Viguié
26 09 25 / 23:43Le torsemide est un excellent choix en CKD modérée, mais attention à la déshydratation. Je l’utilise en combinaison avec des inhibiteurs du SRAA, et je surveille les kaliémies. La clé, c’est la personnalisation du traitement. Pas de protocole universel.
En pratique, je commence à 5mg/jour, et j’augmente seulement si besoin. Les patients âgés réagissent souvent mieux à une dose basse, surtout avec une comorbidité cardiaque.
Le risque d’hyperkaliémie est surestimé ici. Le torsemide réduit l’aldostérone, mais pas assez pour compenser une insuffisance rénale avancée. Il faut toujours associer un diurétique thiazidique en cas d’efficacité insuffisante.
Et oui, la demi-vie plus longue est un vrai avantage. Moins de pics, moins de fringales de sel la nuit. C’est ce que mes patients disent le plus souvent : "je me sens moins gonflé".
Je recommande de mesurer les volumes urinaires sur 24h avant et après le changement. C’est plus fiable que les symptômes.
Et si vous avez un patient avec une CRI et un diabète, n’hésitez pas à combiner avec un SGLT2i. La littérature récente le soutient largement.
Le torsemide, c’est pas magique, mais c’est intelligent. Et dans la CKD, l’intelligence, c’est ce qu’il nous faut.
Adrien Mooney
28 09 25 / 01:52bonjour jai lu votre article et jai un patient en dialyse et je me demandais si le torsemide etait encore utile ? merci
Sylvain C
29 09 25 / 05:43Les Français devraient arrêter de suivre les Américains dans leurs trucs de chimie. Le furosémide, c’est notre héritage médical. Le torsemide, c’est du marketing pharmaceutique.
lou viv
29 09 25 / 11:26Vous oubliez l’effet sur les prostaglandines…
Et la réduction de la pression intraglomérulaire…
Et la modulation du flux tubulo-glomérulaire…
Et le risque de néphrotoxicité…
Et la littérature de 2022…
Et la méta-analyse de la Cochrane…
Et la contre-indication chez les patients avec hyponatrémie…
Et…
James Ebert
30 09 25 / 14:41Le torsemide est un outil puissant, mais il faut le voir comme un pilier dans un système, pas comme une solution unique. Dans la CKD, c’est souvent la combinaison qui fait la différence. Le diurétique, le SGLT2i, le blocage du SRAA, la restriction sodée… tout ça ensemble.
Je le prescris surtout quand le furosémide ne marche plus, ou quand les patients ont des œdèmes nocturnes. Le profil pharmacocinétique est un vrai plus.
Et oui, il coûte plus cher. Mais quand tu évites une hospitalisation pour décompensation, ça se paye.
Sébastien Leblanc-Proulx
1 10 25 / 16:59Je tiens à remercier l’auteur pour cette synthèse rigoureuse et clairement structurée. L’analyse pharmacocinétique du torsemide en contexte de maladie rénale chronique est particulièrement pertinente, notamment la comparaison avec le furosémide en termes de demi-vie et d’efficacité dans les eGFR modérément altérés. Cette approche fondée sur les preuves est essentielle pour une prise en charge optimale des patients âgés.
Je souligne également la mention du système rénine-angiotensine-aldostérone, qui est souvent sous-estimé dans les pratiques cliniques courantes. La modulation de ce système par la décongestion volume est un mécanisme sous-jacent fondamental, et son intégration dans la prise en charge est un marqueur de qualité.
Il serait cependant utile d’ajouter une note sur les risques de déshydratation et de dégradation de la fonction rénale en cas d’usage excessif, surtout chez les patients avec une comorbidité cardiaque. La surveillance des électrolytes et de la créatinine doit être systématique.
Enfin, je recommande vivement cette ressource à mes étudiants en médecine. C’est un modèle de clarté et de rigueur.
Didier Djapa
2 10 25 / 06:42Je suis d’accord avec l’auteur. Le torsemide est sous-utilisé en France. Le furosémide reste le standard, mais la littérature montre clairement que le torsemide est supérieur en CKD modérée. Il faut changer les habitudes.
Benjamin Poulin
3 10 25 / 23:03❤️ Merci pour ce post ! J’ai partagé avec ma mère qui a une CKD et elle a dit que c’était la première fois qu’elle comprenait vraiment ce que lui prescrivait le néphro. 🙏
Guillaume Carret
5 10 25 / 22:04Oh super, un autre article qui dit que le torsemide c’est la vie. Et la prochaine fois on va nous dire que l’eau c’est bon pour les reins ? 😂
Mon père a pris du torsemide pendant 6 mois, il a perdu 8 kg… et 3 dents. Le potassium, les crampes, les étourdissements… c’est pas un miracle, c’est un cocktail de merde.
Et puis bon, on est en France, pas aux USA. On a des vrais diurétiques, pas des trucs de pub pharmaceutique.
Andre Horvath
6 10 25 / 03:59Le torsemide est effectivement plus stable en CKD modérée, mais il ne remplace pas la restriction sodée. Beaucoup de patients ne comprennent pas que le diurétique n’est qu’un outil, pas une solution. Sans contrôle du sodium, il devient inefficace, voire dangereux.
Je recommande toujours un suivi nutritionnel en parallèle. Un diététicien peut faire plus qu’un diurétique.
Angelique Reece
7 10 25 / 08:12je suis infirmière en néphro et je peux vous dire que le torsemide c’est une révolution 🤍 les patients disent qu’ils peuvent enfin dormir sans se lever 3 fois pour uriner… c’est incroyable
Leo Kling
7 10 25 / 14:34La déclaration selon laquelle le torsemide améliore le GFR est scientifiquement incorrecte. Le GFR ne s’améliore pas, il diminue. Le diurétique réduit la pression hydrostatique glomérulaire, ce qui peut ralentir la progression, mais ne l’améliore pas. Ce point doit être corrigé.
mathieu Viguié
8 10 25 / 13:44Je réponds à @5118 : exact. J’ai mal formulé. Le GFR ne s’améliore pas, mais sa chute est ralentie. Merci pour la correction. La précision scientifique est cruciale ici. C’est un point que je souligne toujours à mes étudiants : ne pas confondre stabilisation et amélioration.